
Insultes, incitations à la haine ou même appels à la violence : sur Internet, les discours haineux sont malheureusement fréquents. Mais où s’arrête la liberté d’expression – et que dit la loi ?
Cet article explique comment reconnaître un discours haineux, quelles sont les bases juridiques en vigueur et quelles actions peuvent être entreprises.
Qu’appelle-t-on discours haineux ?
Le hate speech, ou discours de haine, est largement répandu dans l’espace numérique – en particulier sur les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas d’une simple opinion, mais d’attaques ciblées : des personnes sont publiquement insultées, exclues ou menacées en raison, par exemple, de leur origine, leur religion, leur langue, leur orientation sexuelle ou leur genre.
Le Centre pour l’égalité de traitement (CET) propose une vue d’ensemble des motifs de discrimination les plus fréquents.
Un exemple : Si quelqu’un écrit dans un commentaire : « C’est parti – chassez les réfugiés ! », cela ne relève pas d’une opinion. C’est un appel à la violence – et cela constitue un discours de haine.
De tels propos ne sont pas seulement blessants, ils sont également pénalement répréhensibles. D’après le Code pénal luxembourgeois (articles 454 à 457), tout appel public à la haine ou à la violence est illégal – que ce soit dans l’espace public ou en ligne.
Ce vidéo de sensibilisation proposé par Point de Contact souligne que ce qui est inacceptable hors ligne ne l’est pas davantage en ligne.
Plus d’informations sur ce sujet sont disponibles dans la fiche thématique « Hate Speech » sur le site de BEE SECURE.
Pourquoi est-ce important ?
Un discours haineux peut non seulement choquer ou faire peur – mais aussi devenir banalisé au point de passer pour « normal » et être reproduit.
La BEE SECURE Stopline constate une augmentation significative des signalements concernant des contenus racistes ou discriminatoires. En 2024, 263 cas de discours potentiellement illégal ont été transmis à la police nationale – contre 97 cas en 2022, soit presque un triplement.
Un lien clair apparaît également entre l’actualité politique et internationale (débats LGBTQIA+, conflit israélo-palestinien, guerre en Ukraine, situations de migration) et l’augmentation des signalements.
Comment réagir face au discours de haine en ligne ?
Que l’on soit directement visé ou témoin d’une telle situation, plusieurs options existent :
- Ignorer
Ne pas réagir peut parfois empêcher une escalade et priver l’auteur de l’attention recherchée. - Bloquer
Les plateformes permettent de bloquer les comptes qui diffusent des propos haineux. - Répondre de manière constructive
Répondre de façon calme et respectueuse peut montrer que de tels propos ne sont pas tolérés. Attention toutefois à ne pas se mettre soi-même en danger. - Chercher du soutien
Parler avec une personne de confiance peut aider. Une aide gratuite et confidentielle est aussi disponible auprès de la BEE SECURE Helpline – 8002 1234. - Signaler le contenu
Les réseaux sociaux sont tenus, conformément au Digital Services Act (DSA), de proposer des fonctions de signalement accessibles aux utilisateurs. Le Hate Speech peut être signalé en ligne et de manière anonyme sur la BEE SECURE Stopline. - Porter plainte
Ce qui est punissable hors-ligne l’est aussi en ligne.Tout le monde a droit de déposer plainte auprès de la police en cas de discours de haine. L’important est de conserver les preuves sous forme d’impressions d’écran.
Comment signaler un discours haineux via la BEE SECURE Stopline ?
Les contenus illégaux, tels que les discours haineux, peuvent être signalés de manière anonyme via la plateforme BEE SECURE Stopline : https://stopline.bee-secure.lu. L’équipe analyse les signalements et les transmet, si nécessaire, aux autorités compétentes.
Plus de soutien ainsi que conseils gratuits et confidentiels via la BEE SECURE Helpline : https://www.bee-secure.lu/fr/helpline/
Un comportement respectueux en ligne est l’affaire de toutes et tous.
La liberté d’expression s’arrête là où commence la haine.